Maisons de retraite avec Unité Protégée Alzheimer : tout ce qu’il faut savoir

Publié le 05/04/2024

Les premières Unités Protégées Alzheimer (UPA) ont émergé à la fin des années 70, comme une solution à la rupture de l’isolement des personnes âgées diagnostiquées démentes dont Alzheimer. Ces unités fermées sont également appelées "Cantou" (Centres d’Activités Naturelles Tirées d’Occupations Utiles), mais "Cantou"" veut littéralement dire au “coin du feu” en occitan, comme un marqueur de la volonté de créer un espace chaleureux.


C’est au moment où la vie au domicile de la personne est rendue impossible par la maladie d'Alzheimer (ou d'autres démences séniles) que l'hébergement en structure spécialisée est envisagé. Cette décision est souvent prise après avoir épuisé toutes les solutions disponibles au domicile avec l'appui de la famille et des amis.


Les cantous sont des solutions d'accueil pour les personnes âgées qui ont perdu leurs repères et dont  la famille se trouve démunie dans la prise en charge de leur parent à leur domicile. C'est lorsque les soins ou l'accompagnement à apporter au parent deviennent trop lourds, voire impossibles au domicile, que les accompagnants se tournent  vers un accueil spécialisé qui offrira au résident l'hébergement et l'environnement, adapté et sécurisé dont il a besoin.


Un Cantou ne pourra évidemment pas remplacer l'accompagnement du parent par sa famille. Il est dit qu'il conviendrait d'avoir 6 salariés à temps plein au chevet du résident pour qu'ils remplacent l'attention que lui porte son proche. Nous sommes aujourd'hui en France à un taux d'encadrement autour de 0,6 salarié par résident. Toute l'attention portée par la direction et les Maîtresses de maison en Unité Alzheimer ne pourra pas pallier ce manque cruel de salariés. Les moyens mis en place pour l'accueil des résidents en Unité Alzheimer mais aussi en EHPAD en France sont insuffisants ; le rôle de la famille et des proches auprès du parent hébergé en Cantou est primordial dans son soutien émotionnel et son bien-être.




Les UPA viennent aussi soulager les proches qui ont tout donné pour leur parent, mais qui se trouvent, à un moment, épuisés et démuni face à l'évolution de la maladie (diminution des capacités mentales et physiques ou encore agressivité ou fugues). Les objectifs principaux des Unités Protégées Alzheimer dans les maisons de retraite sont les suivants :
  • Endiguer le plus possible la perte d’autonomie des résidents ;
  • Recréer du lien social ;
  • Piloter les troubles comportementaux et essayer de les stabiliser ou de les améliorer ;
  • Réduire le risque de chutes ;
  • Permettre un meilleur suivi de l'alimentation ;
  • Trouver un sommeil récupérateur.
Les UPA viennent aussi soulager les proches qui ont tout donné pour leur parent, mais qui se trouvent, à un moment, épuisés et démuni face à l'évolution de la maladie (diminution des capacités mentales et physiques ou encore agressivité ou fugues). Les UPA appuient donc les familles et permettent aux proches de prendre un répit et de se protéger eux aussi.


Fonctionnement des maisons de retraite avec UPA


Les Cantous font partie intégrante des EHPAD mais peuvent être des unités à part entière. Généralement constitués d’une ou de deux douzaines de chambres, ces secteurs protégés permettent aux résidents d'accéder, en sécurité à leur espace d'y faire leur toilette, de se restaurer et de se promener à l'extérieur, dans un jardin.

Afin de préserver les capacités cognitives et physiques des résidents hébergés en UPA, les Séniors sont invités à participer aux tâches quotidiennes (faire à manger, jardiner, faire le ménage, assister et être acteurs dans les animations). Une salle partagée permet ainsi d’y faire la cuisine, de manger et de passer des moments de vie, en commun. 

Un personnel polyvalent et formé est présent, il assiste et stimule chaque résident et veille à ne pas faire à sa place, lorsque cela est encore possible.

Voici quelques exemples d'activités souvent proposées pour lutter contre la perte d'autonomie des résidents atteints d’Alzheimer ou de démences :

  • Faire le linge : machine, accrochage, pliage ;
  • Mettre de la table ;
  • Cuisiner ;
  • Faire la vaisselle ;
  • Faire le ménage ;
  • Jardiner ; 
  • Dessiner ; 
  • Jouer.


    L'aménagement intérieur des chambres est confié aux bons soins des familles ; chaque résident peut apporter ses effets personnels, décorer et aménager son espace  pour recréer l’environnement le plus familier et confortable possible. Il est à noter, en fonction de l'avancée de la maladie, que parfois, il sera demandé aux familles, pour la sécurité de leur parent mais aussi des autres résidents, de se conformer à une décoration minimaliste.
    Le choix du médecin traitant est parfois possible, mais bien souvent, le médecin coordonnateur prendra le relai de soins.


    L’aménagement d’une unité Alzheimer en EHPAD

    Les unités Alzheimer en EHPAD ont pour mission de privilégier l'autonomie des résidents et de les aider à avoir les déplacements des plus sécurisés.

    Ces unités ont été spécialement pensées et conçues pour aider les Séniors à y vivre et s'y repérer facilement. Cela peut se traduire par des codes couleur, une signalétique chaleureuse et efficace, mais aussi des parcours de déambulation qui favorisent tant l'exercice que le bien-être des résidents.

    Les Cantous ont bien souvent un parc ou un jardin clos à la végétation riche et variée avec des plantes aromatiques et des légumes. Ces endroits sont des véritables lieux de détente et de bien-être où, les résidents restent acteurs en cultivant un potager sur-élevé ; les Séniors gardent ainsi un contact certain avec la nature et leur moral s'en voit remonté.

    Caractéristiques des Unités Protégées Alzheimer
    En EHPAD, plus de la moitié des résidents sont atteints d’au moins un trouble cognitif. Lorsque l'évolution de la maladie devient trop importante, les Cantous peuvent être une réponse de soins et d'hébergement.

    Au total, ce sont environ 3.000 UPA et Cantous répartis sur l'ensemble du territoire français qui accueillent les personnes atteintes d’Alzheimer ou d’une maladie apparentée, 90 000 places sont leur sont ainsi réservées (Fondation Médéric Alzheimer, juin 2021).

    En moyenne, chaque unité héberge 12 à 24 Séniors.

    Quelle prise en soin dans les unités Alzheimer ? 


    • Individualisation des projets de soin et de vie,
    • Adaptation des soins médicaux et des thérapies,
    • Personnalisation de l'accompagnement et des activités proposées,
    • Mise en place d'une stratégie d’hygiène psycho-sociale adaptée : espaces zen, activités thérapeutiques, loisirs stimulants intellectuellement,
    • Aménagement architectural spécifique déjà évoqué dans cet article,
    • Participation des familles à la vie de l'EHPAD et de son Cantou grâce au Conseil de la Vie Sociale.


    Tarifs de l’accueil en UPA

    Les tarifs liés à l'hébergement en unité Alzheimer suivent les mêmes règles qu’un hébergement en E.H.P.A.D. classique. 


    Les tarifs à charge du Sénior et de sa famille sont de deux ordres :


    • Le prix de l’hébergement correspondant au gîte et au couvert couvre aussi l'ensemble des salaires administratifs. Ce tarif hébergement est librement fixé par les gestionnaires de chaque résidence et est variable d'un établissement à un autre, en fonction de sa localisation (Paris / Province / Ville / Campagne), de la qualité de son immobilier (coût de construction et loyers versés), des prestations annexes proposées (qualité de la restauration, sorties extérieures) mais aussi du type juridique de la résidence (commercial, associatif, public).
    • Par ailleurs, certaines résidences, souvent associatives et publiques sont habilitées à l'aide sociale, le prix est dès-lors fixé par le Conseil Départemental.


      Les dotations liées à la dépendance peuvent être financées par le Conseil Départemental, tant à l'EHPAD comme aux Séniors (via l'APA). Elles sont fixées en fonction de la dépendance globale de chaque résidence (GMP). 

      Une clé de répartition de ce GMP, entre chaque GIR (1/2/3/4/5/6), évaluant le taux d'autonomie ou de dépendance du Sénior, est mise en place et établit les différents tarifs de GIR dont devra s'acquitter chaque  Sénior.

      Le GIR 5/6 (le ticket modérateur) reste à charge du Sénior, et le GIR 1/2/3/4 peut être en partie ou totalement pris en charge par le Conseil Départemental, en fonction des revenus du sénior.

      Les résidents placés en unité Alzheimer bénéficient d’une prise en charge médicale et paramédicale plus importante, mais les locaux sont aussi très différents, leur entretien aussi. Le budget mensuel par résident varie donc en fonction de l'établissement choisi et de la dépendance de chaque résident.


      Les aides à l’hébergement en unité Alzheimer

      Plusieurs dispositifs existent pour accompagner les familles dans le financement d’un hébergement en cantou : L’Etat prend en charge les soins, à hauteur de ce qu'il souhaite / peut financer.

      • L’Allocation Personnalisée d’Autonomie (APA) est une aide versée aux familles et qui finance la dépendance du Sénior ; elle est fonction des revenus de la personne âgée. Le ticket modérateur comme nous venons de le voir, (GIR 5 & 6) reste à charge de la personne.

      • Les aides au logement avec l’APL (Aide Personnalisée au Logement) pour les établissements habilités à recevoir l’aide, ou l’ALS (Allocation de Logement Sociale) sont des aides non cumulables, octroyées par la CAF. L’ALS est inférieure à l’APL.

      • L’Aide Sociale à l’Hébergement (ASH), dont l’objectif est de combler la différence entre le coût de l’hébergement en E.H.P.A.D. et les capacités financières des résidents et de leurs obligés alimentaires est octroyée sous conditions de revenus. L'aide sociale est mise en place si les revenus du Sénior et ceux de ses obligés alimentaires sont inférieurs au tarif de l'hébergement de la résidence. Il convient, pour pouvoir bénéficier de ce dispositif, que la résidence soit habilitée à l'aide sociale. Toutefois, chaque résident justifiant de 5 années de présence en EHPAD, peut aussi faire la demande de l'aide sociale dans une résidence qui y est habilitée.


      Les différentes unités de soins en maison de retraite

      De façon à proposer la meilleure expérience possible, différentes unités de soins existent.


      Les PUV (Petites Unités de Vie) sont pensées pour les résidents ayant besoin d’un lieu de vie familial les aidant à maintenir et à renforcer leur autonomie. Chaque Sénior dispose ainsi de son propre logement et participe à la vie communautaire de ces petites unités où ne résident, au maximum, que 12 personnes bien souvent encadrées par une aide -soignante résidant sur place. Ces PUV n'accueillent pas de personnes âgées atteintes de démence.


      Les unités d’hébergement renforcé sont destinées à aider les personnes avec des symptômes psycho-comportementaux sévères, ce sont les cantous et unités Alzheimer dont nous parlons. Elles sont conçues pour aider les résidents à se repérer dans l'espace et le temps, au quotidien et à vivre dans un espace clos et sécurisé.


      Les PASA sont des Pôles d’Activités et de Soins Adaptés qui s’adressent aux résidents avec des symptômes psycho-comportementaux certains, mais, modérés. Un groupe de Séniors assez homogène est formé afin de les accompagner et les stimuler sur un temps défini, au sein de l'EHPAD. Le PASA n'est pas une unité Alzheimer, le PASA offre un soin supplémentaire.


      La grande majorité des établissements possèdent une ou plusieurs de ces unités.


      Constitution du personnel d’une UPA ou Cantou

      Le personnel travaillant en UPA est souvent dévoué. Il a la volonté d’aider les résidents à avoir la vie la plus agréable possible mais aussi à les stimuler tant physiquement que cognitivement pour qu'ils maintiennent leur faculté.


      Les professionnels intervenant en Unité Protégée Alzheimer sont variés


      • Pour les soins nous y trouverons aide-soignants, infirmiers, assistants de soin en gérontologie et médecin coordonateur.
      • Pour le bien-être psychologique des résidents, des psychologues, aides médico-psychologiques et divers animateurs interviennent.
      • Pour le bien-être physique, d'autres professionnels interviennent comme les kinésithérapeutes, psychomotriciens ou encore ergothérapeutes.
      • Par ailleurs, pour l'entretien des locaux, la beauté du jardin, les agents d'entretien et de services œuvrent aussi au bien-être de chaque personne.
      • Enfin n'oublions pas l'équipe de direction, les maîtresses de maisons qui ont tant à faire dans ces résidences et qui font tout pour satisfaire les Séniors et les familles dans un environnement très complexe.


      Chaque personne qui travaille au sein d’une UPA en Ehpad est spécialement formée.


      Les salariés des Unité Protégées ont une parfaite connaissance des comportements des résidents malades de démences. En ce sens, ils :
      - maîtrisent les bases de la communication à la fois verbale et non-verbale ;

      - savent réagir et prendre en charge les troubles du comportement ;
      - sont formés aux soins palliatifs.

      Les équipes d’UPA ont en charge 6 personnes âgées pour 2,6 équivalents temps plein*. Ces ratios n'évoluent pas d'un EHPAD à un autre ou d'une unité Alzheimer à une autre, chaque structure bénéficiant des mêmes financements d'Etat.


      Comme nous l'avons déjà vu, ces moyens sont insuffisants bien en-dessous de nos voisins belges. La cinquième branche de l 'assurance maladie dédiée au handicap et à la dépendance due à l'âge a bien été créée, reprenant les dépenses assumées jusqu'alors par le CNSA et l'AEEH, à hauteur de 32,6 milliards d'euros en 2021, mais le choc financier n'est toujours pas au rendez-vous.


      Déroulement de l’arrivée en maison de retraite avec Unité Protégée Alzheimer

      La plupart des résidents qui sont admis dans une UPA ou Cantou le sont directement après leur domicile où il n’est plus envisageable de continuer à vivre. Certains vont cependant y être admis après un séjour dans un EHPAD où ils auront malheureusement vu leur santé décliner.


      Si les modalités d'accueil en UPA sont les mêmes pour tous les résidents issus d'un EHPAD ou de leur domicile, les prises en charge de chaque résident sont différentes. En effet, les troubles du comportement et le risque potentiel de fugue ou de violence impliquent de mettre en place des dispositifs de soins adaptés tant pour la sécurité de l'ensemble des résidents ou des salariés que pour stimuler les résidents à la fois sur le plan intellectuel et moteur.


      Ces unités Alzheimer peuvent accueillir des personnes ayant perdu leur indépendance de façon temporaire ou définitive et visent, dans leur fonctionnement, à se rapprocher le plus possible d'une maison familiale.


      Le consentement de la personne âgée est recherché au moment de l’admission, mais elle n'a plus ses facultés intellectuelles pleines et entières, ce sera donc au proches d'assumer ce placement. Avant l’admission dans un établissement, une visite de l’UPA est proposée afin de permettre au résident et à sa famille de découvrir son futur lieu de vie.


      Les demandes d'admissions peuvent être initiées par le futur résident, son médecin, un membre de sa famille, ou un hôpital dans lequel il a été admis.


      Les dispositifs visant à améliorer les maisons de retraite avec Cantou

      Initialement, de nombreuses maisons de retraite avec unité Alzheimer n’offraient pas véritablement les services attendus.


      Aussi, dans le cadre du plan Alzheimer 2008-2012 suivi du plan lié aux maladies neurodégénératives 2014-2019, qui a affecté à toute la filière un budget de 470 millions d'euros, la qualité des prises en soins et l'efficacité de ces unités, souvent intégrées à une maison de retraite médicalisée, ont fait l'objet de mesures très importantes.


      Parmi elles, l'on peut noter la création du Pôle d’Activité et de Soins Adaptés (PASA), les Unités Cognitivo-Comportementales (UCC), les Unités d’Hébergement Renforcées (UHR).